Les Editions Actes Sud
2014
Roman traduit du japonais
par R-M Makino-Fayolle
Titre original : Kotori
(Double sens en japonais : "Petits oiseaux" ou "Prendre enfant")
« Le
gazouillis dissimulé au plus profond du livre qui remontait d’entre les pages
n’échappait pas à son oreille. Il prenait le volume, le feuilletait, et bien
entendu, y découvrait des oiseaux. Sur des pages jamais visitées depuis le
classement du livre dans la bibliothèque, les oiseaux longtemps dissimulés
paraissaient soulagés de pouvoir enfin déployer leurs ailes au creux de ses
mains. »
Voilà
comment finir une année littéraire en beauté et que demander de mieux que la
sagesse et la poésie d’Ogawa pour nous faire léviter avec les mots. Son
style enchante et apaise. Des mots salvateurs
qui ne peuvent que nous rendre meilleurs.
Yoko Ogawa n’a pas son pareil pour écrire les détails infimes et
indescriptibles. Le froissement du papier, la saveur acidulée d’un bonbon au
citron, le bruissement d’ailes de papillons, une nuque délicate, le chant
cristallin du grillon grelot, même le silence sous ses doigts devient
majestueux. Son style onirique et raffiné nous laisse comme en suspens. Les
mots virevoltent, nous effleurent, nous caressent avec élégance et légèreté. Il
est impossible de ne pas être touché par la grâce de sa « Plume »,
mot qui prend ici tout son sens. On tourne les pages avec délicatesse de peur de
rompre la magie de la lecture.
Ce
livre nous parle de la naissance, de la vie et de la mort. Entre chaque tranche
de vie, il y a « des oiseaux qui ne font que répéter les mots que nous
avons oubliés » et puis deux frères, deux inséparables, qui vivent en
totale autarcie, se suffisant à eux même, loin du superflu. Il n’y a que le
cadet pour comprendre son frère et entrer en symbiose avec lui. Ils se parlent
en pawpaw le langage des oiseaux.
Finalement,
l’histoire importe peu. Elle nous mène à méditer sur la peur de la solitude,
sur les questions sans réponse et le futile qui nous phagocyte. Mais aussi sur
la souffrance, la suffisance des gens, l’humilité face à la société de
consommation. Accepter ce qui est et ce qui n’est plus. Pas à pas, nous suivons
ces deux Êtres naïfs et empreints de vérité sur leur cheminement existentiel.
Un voile de tristesse plane sur ce roman. Le Monsieur aux petits oiseaux et
la dévotion qu’il porte à son frère ainé. Ils nous apprennent, nous nourrissent,
nous guident vers la sagesse, les valeurs et l’essentiel : la Vie.
« Il
avait ramassé les cristaux de mots qui s’étaient échappés du gazouillis des
oiseaux. »
Ma Note : 16/20
Merci à Priceminister pour ma deuxième participation à la rentrée littéraire,
aux Editions Actes Sud,
et une mention toute particulière à
Olivier Moss,
pour son humour, sa gentillesse,
et sa façon de ne pas se prendre au sérieux.
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