Les histoires sont vivantes [...] Elles se mettent à vivre dès qu'on les raconte […] Elles restent endormies, dans l'espoir de se réveiller un jour, et quand quelqu'un se met à les lire, elles s'enracinent dans l'imagination du lecteur et peuvent le métamorphoser. Les histoires veulent être lues. Elles en ont besoin. C'est pour cette raison qu'elles quittent leur monde pour se frayer un chemin jusqu'au nôtre. Elles veulent qu'on leur donne la vie ... J-Connolly
...il y a toujours plusieurs points de vue, en matière de politique, d’amour ou de religion...
Et que pour la plupart des enfants de l’immigration, de l’émigration ou de ce que l’on veut,
il n’est pas si évident que ça, le «bon point de vue ».
C’est justement ce bon ou mauvais « point de vue » qui est venu me frapper comme un boomerang. Moi qui ne comprenais pas, petite fille, dans quel point de vue me situer : L’immigration ? L’émigration ? Quelque chose d’inexplicable que personne à part mon chien, mon seul confident, pouvait comprendre. Ce « point de vue » créait un mal être, une colère étouffée dans mon coeur de petite fille et ensuite de femme et voilà qu’Olivier entre, sans bruit, dans ma bibliothèque et en seulement 3 petits mots comprend enfin ce putain de « Point de vue » !
«Toutes ces interrogations n'avaient rien à voir avec ce sentiments d'appartenance à la France. Je me sentais pleinement français.
Mais j’étais un français qui n’était pas du bon point de vue. »
C’est en participant à « Question pour un champion » que l’auteur, Olivier Liron, nous raconte les coulisses du jeu télévisé et des instants de vie. Chaque question, en une fraction de seconde, le plonge dans ses souvenirs, heureux ou malheureux, parfois avec colère, souvent avec humour mais jamais avec pathos. A chaque question que Julien Lepers lui pose, j’étais à ses côtés, fébrile et stressée prête à défoncer le buzzer avec lui. Pendue à ses mots, j’espérais l’heureuse réponse qui le mènerait vers la finale. Et puis le voilà, rattrapé par ses souvenirs d’enfance, d’adolescence et puis d’homme.
« La nuit, affirmait ma mère, arrive toujours par derrière, sans qu’on s’en aperçoive.
Quand on rentrait, je ne savais pas qui de nous trois était le plus triste :
la lune, ma mère ou moi. »
C’est un véritable coup de coeur que j’ai eu pour ce roman et pour cet auteur. Je ne croyais pas passer un aussi bon moment de lecture avec Olivier et pourtant son histoire m’a bouleversée. Est-ce les réminiscences de nos origines ? Sa grand-mère Joséfa et son parlé franco-espagnol qui raisonne encore en moi ? Sa sensibilité ? Sa plume à la fois brute et délicate ? Sa colère ? Les injustices ? Sa poésie ? Sa sincérité ? Ou tout simplement un florilège de tout cela qui rend se livre si touchant et irrésistible. Je suis passée par toutes sortes d’émotions, du rire aux larmes. La colère m’a serrée la gorge, parce que moi aussi j’ai eu un Benoît D qui a pourri mon adolescence mais fort heureusement j’ai croisé une Mme Henry qui a su adoucir mes peurs et me guider, comme une mésange bleue, vers les mots salvateurs. Une force se révèle en nous, nous montre le chemin de la résilience et nous murmure tout bas que « La vie est là simple et tranquille »
-« Auteur né en 1987 à Melun,
Il obtient son doctorat en lettre,
Écrivain, scénariste, dramaturge, acteur et musicien il obtient le Grand Prix des Blogueurs littéraires en 2018 avec son deuxième roman, Yé soui... yé souiiii ... »