mardi 19 août 2014

Pourpre profond

Mayra Montero

Editions 10/18
Prix à Barcelona 2000

Lecture commune avec Le Bison




[...] les lèvres d'Alejandrina gobaient sans arrêt mon sexe, ne le manquaient jamais et s'appliquaient du mieux qu'elles savaient. C'est cela que les virtuoses ont de bon : elles ne rechignent pas à la tâche, elles s'appliquent, elles insistent, recommencent, elles ont une soif de perfection sans borne.


Voilà un roman et un nouvel auteur qui sont venus à moi par le plus beau des hasards et quelle belle surprise ! Est-ce le titre qui en dit long, ce sein ferme et généreux ou Mayra Montero, écrivaine Cubaine Portoricaine, qui a attiré toute mon attention ?

Ce livre allie deux grands thèmes : jouissance et musique classique, il va sans dire que c’est avec jubilation et pure délectation  que j’ai avalé Pourpre profond

Augustin Cabán, professeur et  critique musical, redouté de tous, part à la retraite. Les cartons chargés de  partitions et de souvenirs, il décide d’écrire ses mémoires, mais pas n’importe lesquelles ! Son amour du métier lui a permis de côtoyer les plus grands virtuoses du moment. Augustin, homme passionné de musique classique et de sexe, mets sa pudeur de côté et nous fait vibrer sous sa plume, nous contant ses frasques amoureuses et perverses avec les rencontres qui ont bouleversé son parcours et tatoué son corps et son âme.

Nous sommes loin d’un roman léger, pornographique et obscène. L’écriture de l’auteur est élégante et sensuelle avec ce côté lyrique porté par de grands compositeurs comme Brahms ou Bartók. Si on prend le temps d’écouter les extraits énoncés, cette musicalité accentue l’ardeur du texte et lui offre cet aspect poétique.


 […] ses lèvres allaient et venaient le long de mon sexe et je ressentais un plaisir dévastateur, la fureur du désir cliquetait soudain dans mon crâne comme une drisse cliquette contre le mât d’un voilier ; cela s’était bientôt transformé en un torrent de féroces  – pizzicati  – dans le pur style de Béla Bartók. Ne serait-ce pas précisément cela que signifie : méditer la musique au plus profond de sa chair ?



 

A chaque chapitre on jubile mais attention aux âmes chastes et sensibles, certaines scènes peuvent  déranger. J’ai été prise d’affection pour chacune de ses conquêtes, beaucoup m’ont faire rire, toutes m’ont offert du plaisir et si on enlève les œillères qui nous voilent les yeux,  on peut en retenir une certaine morale : Lorsque deux Êtres consentant se désirent, se dévorent et que le A de Amour est infiniment grand, quelle que soit la pratique, même des plus perverses, l’acte est beau et les fluides offerts deviennent pures et sont partie intégrante de l’Amour.


« J’étais retourné auprès d’elle et lui avais essuyé l’entrejambe comme si j’essuyais une larme ».


Au fil des jours et de ses nuits blanches, Augustin nous dissèque, sans la moindre retenue, ses frasques passionnantes avec l’impudique et capricieuse Virginia Tuten, violoniste, Clint Verret, pianiste Australien au doigté prodigieux, ainsi que la perversité de Manuela Suggia, la dernière et la plus obsessionnelle, qui le jettera aux portes de l’enfer. Le point commun de toutes ses liaisons parfois dangereuses ? Il les a toutes aimées d’un amour  sincère. Au fil des mots, des rencontres, on reçoit en pleine figure  cette passion viscérale qu’il a eu pour ces femmes qui lui délivreront sans tabou le secret de leur Pourpre profond et le guideront vers le point G, pour ces hommes qui lui dévoileront des plaisirs jusque-là inconnus et l’union de ces Êtres qui le porteront au sommet de l’extase.


« Dans la vie d’une femme, il n’y a que deux moments qui, telles deux profondes brûlures, peuvent lacérer durablement son esprit : le moment où un homme lui déchire un vêtement qu’elle porte sur elle, et celui où il lui demande de lui tourner pour la première fois le dos ».


Pourpre profond, « Les seules choses qui perdurent sont le plaisir et la texture de l’instant… »

C'est avec plaisir, mais entendons nous bien, un plaisir cérébral, que j'ai partagé cette lecture avec Mister Bison. Ce livre ne parle que de sexe et de musique classique et connaissant ton penchant pour l'un des deux thèmes et souhaitant approfondir le second, je suis curieuse de  lire TON BILLET et connaître l' Élixir que tu vas nous proposer pour accompagner ce livre ! 
Un grand merci à toi pour ce roman jubilatoire !

Mon post co-ït

"Les draps froissés sentaient bon la sueur et les fluides de nos corps apaisés. Paloma n’était pas musicienne et je ne sais par quel miracle elle se retrouvait au côté des plus grands ténors pour pousser de fausses notes. Je suppose que son sourire radieux et sa gorge profonde faisaient oublier son DO majeur. 

Elle me pria de m’allonger sur le dos, et je m’exécutai dans la seconde, comment résister à tant de générosité de cette nymphe et de ses seins ni trop jeunes ni trop vieux. Elle me mit les écouteurs, doucement pour que je puisse entendre son souffle, et la musique se diffusa dans mon sang et me transporta rapidement dans les abysses de l’Amour.

Ses lèvres anisées s’emparèrent de mon torse imberbe et très vite elle prit possession du grain de beauté de mon nombril. Elle le suçotait avec délice  pendant que ses mains aux senteurs de jasmin et de rose me rendaient fou de désir prêt à exploser.

Elle se releva et plongea son regard dans le mien. Moment en suspend ! 

Sa bouche s’approcha de mon oreille et se mit à imiter un chiot en manque d’affection. Nous partîmes dans un tourbillon de rire, Putain ! qu’elle était belle et épanouie ! 

De sa voix suave,  elle me murmura  :

-          S’il te plaît, arrête-moi le temps …

Je ne su que répondre mais ce que je sais c’est que ce moment est gravé dans mon âme comme le 3ème mouvement des "Quatre saisons "de mon maître Vivaldi !

Ses lèvres gonflées de désir reprirent leurs descentes infernales pour atteindre mon phallus qu’elles s’empressèrent de sucer comme un trophée. A ce moment précis,  j’aurai pu mourir de plaisir, entre les doigts et la bouche de Paloma,  sans le moindre regret !"



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lundi 11 août 2014

Sa femme

Emmanuèle BERNHEIM

Editions : Gallimard Folio 
Prix Médicis 1993





« Sa Femme », « 3 sucres dans mon café et quelques préservatifs ».

Comment résister à ce livre après l’excellent billet de Mister Bison ? Impossible ! Aussitôt eu, aussitôt lu. Quel plaisir de retrouver la plume d’Emmanuèle Bernheim. Une écriture limpide et impitoyable. L’auteur garde cette signature bien à elle dans ses romans. Elle percute, va à l’essentiel,  sans détour, des chapitres et des phrases courtes, pas de perte de temps, c’est ce qui me touche dans son travail d’écriture.

Une histoire d’homme et de femme, des écorchés de la vie en manque d’amour. Thomas et Claire se croisent, se reconnaissent, s’aiment, se désirent, sans peur, sans tabou, sans appréhension. Claire vit l’instant présent  et se nourrit de chaque moment passé avec Thomas car c’est à travers son regard  qu’elle se sent splendide et désirable.

« Elle ne parvenait pas à se souvenir si, la veille, il lui avait dit : « A demain. » Elle se rappelait juste qu’ils étaient si étroitement mêlés qu’elle n’avait soudain plus su si c’était sa propre peau qu’elle caressait ou bien celle de Thomas ».

Une femme se sent toujours belle et épanouie après l’amour. Mais Thomas est marié et ses propos sont très clairs : il ne quittera jamais sa femme et ses enfants. Claire accepte et conserve précieusement toutes traces d’eux. Elle imagine Thomas avec « Sa Femme », ses enfants, en famille, à Noël, mais malgré tout, elle accepte et c’est avec une ardente patience que chaque jour, elle vit au rythme de ces 1h15 de plaisir et de passion avec son amant. Toujours dans cette quête perpétuelle de l’amour, ses sentiments seront-ils suffisamment forts et sincères pour accepter ce compromis et rester dans l’ombre ?

Ce livre est comme une eau sauvage, brutale et suave à la fois. On ne peut oublier sa fragrance. Il nous laisse un léger goût d’amertume par la réalité des faits, des mots qui dérangent et fusent comme des couperets mais avec cette légère douceur laissé par le sucre au fond de la tasse de café.

Chambre 408 … toc, toc, toc… Claire la passion au ventre ouvre la porte : Bonjour toi !


3 sucres dans ton café, un préservatif usagé, je veux bien m’appeler Claire.


Hasard ou transmission de pensée ? 
C’est avec plaisir que j’ai partagé cette lecture avec mon manU.
Pour savoir combien de sucre dans son café cliquez là 


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