jeudi 31 octobre 2013

Le Beau Voyage

Springer & Zidrou

Editions : DARGAUD
2013

(Emprunté à la médiathèque) 



 
 
«J’ai compris à quel point un enfant pouvait porter les blessures familiales,
 jusqu’à celles jamais cicatrisées des générations précédentes».
C’est en cherchant au fond de soi que nous découvrons ce que nous sommes.
Le plus beau des voyages n’est-il pas celui qui nous mène au plus profond de notre Être ? Parfois, il se révèle être un long et douloureux pèlerinage, un chemin de croix jonché de souvenirs heureux et  malheureux. Parfois, la clé de la libération est juste là, au bout du chemin, mais c’est un parcours difficile ou seule la personne concernée peut trouver la solution. Elle se retrouve face à de douloureuses vérités. Ces révélations vont lui permettre de faire sauter les verrous, avancer, tourner la page et enfin s’épanouir. Nos fantômes, nos morts, sont souvent lourds à porter. Ils s’imposent à nous, nous dictent notre conduite, malgré nous, malgré tout.
Léa vient de perdre son père et de cette absence vont surgir de vieilles névroses enfouies depuis  bien trop longtemps. Un père médecin absent, une mère dépourvue d’amour, au cœur sec et cloîtrée dans un deuil. Sans cesse hantée par un sentiment de vide et d’abandon, Léa est comme invisible et c’est dans ce désert de sentiments qu’elle grandit, dans une détresse totale, parmi les non-dits qui mutilent. La mort de son père va l’obliger à affronter de vieux démons et réveiller les conflits intérieurs qui s’abattent sur elle. Léa est tiraillée entre la petite fille qu’elle a été et la femme qu’elle veut être. Un face à face, empreint de souvenirs, qui nous laisse le souffle court.
J’ai refermé cet album dans les larmes car il sonne juste et vrai. Une flèche en plein cœur qui nous ramène à la perte d’un être cher et qui fait ressurgir de vieilles blessures. Secrets et non-dits  empoisonnent et emprisonnent notre existence alors qu’il suffirait parfois d’un « je t’aime », trois petits mots à prononcer avant qu’il ne soit trop tard.
Ce one-shot est ma première rencontre avec Springer & Zidrou. Une histoire magnifique, juste, poignante délicatement menée par Zidrou tandis que Springer nous offre un graphisme expressif aux tons vifs comme pour désamorcer le côté sombre qui va crescendo au fil des pages.
Le beau voyage, en route vers le bonheur !
 
"Les parents ne savent pas tout l'amour
qu'il peut y avoir dans un dessin d'enfant !"




L'avis de Jérôme c'est
L'avis de Jacky c'est Ici
 
André Gagnon 
Balade vers un Souvenir Lointain

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mardi 29 octobre 2013

Lulu Femme Nue 2

Second livre

Etienne Davodeau

Edition : FutuRoPoliS
2010

(Emprunté à la médiathèque)

  

Corps et âme, Lulu continue de se mettre à nu.
Après un premier tome saisissant, tout en émotion, je ne pouvais manquer ce second et ultime volet plein de surprises : Lulu à la recherche du bonheur. Qui dit « Liberté », dit aussi en assumer les conséquences et Lulu va vite le comprendre à ses dépens.  Nous vivons dans une société qui nous rattrape toujours, à moins de vivre en totale autarcie.
Ce second volume est raconté du point de vue de sa fille, Morgane 16 ans, à l’inverse du premier qui l’était par ses amis. Comme un juste retour aux choses, Morgane va prendre le relais et lui offrir, à son tour une renaissance, comme pour lui rendre cet amour que sa mère lui a tant voué.
Lulu est toujours dans sa fuite, une sorte de pause, une rencontre avec elle-même. Elle désire
 
« seulement être là. Vivante. Absolument vivante ».

 


Mais son parcours sera difficile et semé d’embuches. Le manque d’argent, la faim, le froid, la peur, la solitude ainsi que son devoir de mère et d’épouse viennent sonner le glas. Mais au milieu de ces épreuves, la vie, de belles rencontres et un ange gardien nommé,  Marthe, une octogénaire qui va… mais chut, je vous en dis trop là ! Alors ne perdez plus une minute et prenez un aller simple pour les routes vendéennes où vous croiserez une femme bouleversante, libre et émouvante. Lulu se met à nu sans tabou ni retenue.
Etienne Davodeau nous offre sur un plateau le portrait d’une femme forte et généreuse, parfois drôle, parfois grinçant mais toujours plein de tendresse. Une histoire simple, désarmante qui saura vous toucher. En chacun de nous subsiste une Lulu, une femme de notre temps qui nous donne une leçon d’humilité et bouscule nos préjugés.
Lulu se bat pour trouver son chemin, pour passer le flambeau du bonheur et de la liberté. Qu’importe le regard d’autrui puisqu’elle a rendez-vous avec la vie.

   
Etienne Davodeau
 
 
 
 
 
 
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dimanche 27 octobre 2013

Lulu femme nue

Premier livre

Etienne Davodeau

Edition : FutuRoPoliS
2008

(Emprunté à la médiathèque)



 
 
Que se passe-t-il quand une femme est au bord du gouffre, ne se reconnait plus, perd toutes ses illusions, vit dans le désamour et a seulement cette cruelle impression d’être le prolongement de sa machine à laver ? Dans le plus grand calme, elle fait le point sur sa vie, regarde autour d’elle, prépare un sac, prend une grande respiration et claque la porte.
Voici le portrait d’une femme raconté par ses amis : Lulu, qui  va tout quitter.
Mère indigne ! Me direz-vous ? Le but n’est pas de lui jeter la pierre mais de comprendre les raisons de cet exil et pourquoi elle en est arrivée là.
Cette épouse et mère est simplement au bout du rouleau. Depuis trop longtemps, elle est dans l’abnégation jusqu’à s’en oublier soi-même. Plutôt que d’infliger l’image d’une mère dépressive, elle trouve au fond d’elle, la force et  le courage de prendre cette difficile décision : PARTIR ! Il en va de sa survie, fuir pour peut-être mieux revenir. Une parenthèse de liberté pour un rendez-vous avec la vie.
Quoi de mieux que l’océan pour se ressourcer ? La plénitude d’une vaste étendue de sable, la symphonie répétitive des vagues, ce calme bienfaiteur lui permet de retrouver l’estime de soi. Peu importe de dormir à la belle étoile ou d’avoir sa carte bleue bloquée par son mari. Cette bouffée d’oxygène lui permet de sourire à la vie, d’aimer ce corps vieilli, de retrouver le désir et de faire l’amour à nouveau. Alors quand son mari lui ordonne de rentrer, elle va dire le mot de l’émancipation, le mot salvateur : NON !
«Toute résistance est une affirmation de soi. Dire, NON, c’est réaliser que soi existe autant que l’autre et avec plus d’exigence».
Dès le début de l’histoire, le mélange entre fuite et retour vers soi laissent présager une fin malheureuse, mais pour qui, pour quoi ? Un questionnement qui nous laisse une note d’espoir tout au long de l’album.
Le graphisme sur fond automnale avec de légers dégradés de bleu pour le ciel et l’océan inspire bonheur et quiétude comme pour nous rappeler qu’après la tempête, le soleil revient toujours. A chaque page, le regard de Lulu est touchant de calme et de douceur. Nous sommes à ses côtés pour le meilleur et pour le pire, en chacune de nous sommeille une Lulu...
D’une plume sobre et bienveillante, dans ce premier volet d’une rare beauté, Etienne Davodeau nous conte, une histoire d’hier et d’aujourd’hui. Une histoire qui déborde d’amour et dont jaillît  une évidence : il faut s’aimer pour aimer les autres.
 
 
 
 
 
 
 
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mercredi 16 octobre 2013

La Mélodie de Jenny

Tsukasa Hojo

Masse critique Babelio

Editions Ki-oon
2013

 
 
 
L’Empire du soleil levant, terre de l’honneur et de la mère patrie. Nous voilà plongés au cœur même du Japon dans la tourmente de la guerre. Une culture et un pays qui me sont complètement étrangers. Mais voilà qu’à travers ces trois petites histoires, je comprends peu à peu ce qui fait l’empreinte de cette nation aux caractéristiques si strictes et si humbles à la fois. Ces moments de l’histoire nippone, durant cette sombre période, nous expliquent les valeurs et les coutumes de ce pays. Les japonais ont une seule règle «le devoir de vivre et de construire l’avenir du Japon» quel que soit le sacrifice, le plus cher étant de le payer de sa propre vie mais toujours avec fierté et patriotisme.
 
1er destin :
C’est une mission sans retour que devra honorer Junpei, 16 ans, « Aux confins du ciel ». Durant Pearl Harbor, il rejoint l’armée japonaise comme son frère et comprend très vite que pour servir son pays, il doit intégrer une unité kamikaze. Un aller simple pour ce bon samouraï qui respectera jusqu’au bout son uniforme et le blason de son pays.
 
2eme destin :
«La mélodie de Jenny», une rencontre fabuleuse et tragique à la fois entre quatre enfants japonais qui s’échappent d’un centre de Nagano et vont croiser au hasard de leur chemin un prisonnier américain. L’amitié se révèle parfois surprenante.
 
3eme destin :
1935 aux états unis. Hideo est le lanceur vedette de l’équipe japonaise de Base Ball. Il affronte l’équipe adverse. Son jeu impressionne les américains qui voient rapidement en lui leur futur champion. Ils veulent le garder comme leader, mais c’est le début des hostilités entre les U.S.A et le Japon. Pour Hideo, son « American Dream » s’amenuise au fur et à mesure que les relations entre les deux pays se dégradent et qu’un sentiment antijaponais plane.
 
Trois destins marqués par les caprices de l’Histoire qui nous en apprennent beaucoup sur un épisode émouvant et terrible du Japon.
Un manga, aux illustrations fluides et expressives, une écriture touchante mais qui souffre d’un manque de profondeur, sans doute amplifié par le fait que ce petit recueil regroupe trois histoires. Néanmoins un manga très intéressant pour un jeune public et qui m’a donné envie de suivre le travail de l’auteur, Tsukasa Hojo et de découvrir encore un peu plus le Japon.
 
«La mélodie de Jenny»
une douce musique mêlée à un défilé d’images
qui saura toucher votre âme et votre cœur.

 
Un grand merci à Babelio et aux éditions Ki-oon pour cette jolie lecture.


« Que vous aimiez Livres scientifiques. ou
Babelio vous invite toute l’année à découvrir des nouveaux livres. et à partager vos critiques de livres.
 en allant sur Babelio.com.




 

dimanche 13 octobre 2013

La Petite Marchande de Bonheur


Quand j’étais une enfant  «Être heureux» était  synonyme de « La Mélodie du Bonheur » on était heureux  sans répit jour et nuit.


1975 L'innocence
         
1977 L'espoir
1978 Le doute


Vient l’adolescence !  C’est une grande gifle, qu’est ce que le bonheur au juste ?  Donnez-moi le mode d’emploi s’il vous plait ! Mais rien à faire,  je ne savais pas saisir  ces moments, j’avais même ce don particulier à «fuir le bonheur avant même qu’il ne se sauve». Et puis un jour, je me regarde dans le miroir et je vois une adulte qui me dit :   C’est maintenant !







Je comprends alors  qu’être "heureux" ce n’est pas une belle maison, une décapotable ou paraître, tout cela n’est qu’illusion. Le bonheur, il faut aller à sa rencontre et le saisir à chaque  instant, à chaque seconde. Notre route regorge d'instants heureux, il suffit d'ouvrir grand les yeux, de tendre la main et de le cueillir sur le chemin de la vie.

Le bonheur c’est le premier baiser du matin et le dernier du soir. Le « Je t’aime » de Camille et Mathilde, les rayons du soleil qui viennent effleurer mon visage. C'est d'entendre le mot "Maman" et de pouvoir le dire, encore. C’est les effluves d’un parfum que je garde jalousement, un livre parsemé de post it,  une fenêtre avec vue sur l’océan ou «Une fenêtre sur cour», un message débordant de tendresse, le manque qui me rappelle et le désir qui me brûle. C’est l’innocence d’un enfant, les châteaux de sable de Mylan, tes éclats de rire, un vieux vinyle des Doors et le prélude de Bach. Le bonheur, c’est un mot susurré qui m’enivre, ta veine qui palpite dans ton cou, l'écume des nuits et ce sentiment de satiété après l’amour. C’est la douce amitié entre un homme et une femme. Le souvenir d’un poster de Stallone, la connivence  d’un regard entre un père et ses filles. C'est un silence, la caresse d’un sourire, la pudeur de ma main sur ta joue, la tolérance, le pardon et la résilience. C’est aussi ce lien et cette complicité avec  Moumoune de Savoie, lire à l’ombre du figuier sous  la douceur maternelle d’Odette et Dédée, le foulard de mon grand frère qui me tient chaud quand mon cœur a si froid. Le bonheur c'est un  objet chiné qui  emballe notre cœur, un missel qui me raconte,  un repas aux chandelles, le flan préparé avec amour de Marie-Louise ou une pinte de bière au vieux troquet du coin. Le bonheur c’est le clapotis de la  pluie sur mes joues, l’odeur de l’humus, le ressac des vagues qui viennent s’échouer à mes pieds, le secret murmuré d’un coquillage. Mais c’est également des moments de solitude, une ballade à vélo ou tout simplement un trait d’union, une rencontre, un partage, les imperfections de la vie, la confiance que je te porte aveuglément. 


"Le Bonheur  c’est le temps que j’ai perdu pour ma Rose qui fait ma Rose si importante."




Cristie si tu passes dans le Vercors n’hésite pas nous irons chiner ensemble. Le_Bison, continue d’enrichir ma petite culture musicale j’ai tant à apprendre encore. JérÔme, sais tu que dans mon dictionnaire « Jérôme et gentillesse » est un pléonasme dans toute sa splendeur. Flaure grâce à toi je redécouvre peu à peu l’envie de retourner au fourneau. Jacky, ta douceur de vivre, ta poésie, ton sourire m’enchantent chaque jour que Dieu fait.


Je garde le meilleur pour la fin : 


manU, mon gosse, mon frangin,
 mon poteau,
 mon copain tu’m tiens chaud …



Ne cherchez pas plus loin, Le Bonheur c'est tout  Simple, c’est tout cela et  c’est Maintenant !





Pour tous ces moments    


Merci !
2013 Le Bonheur


 « Il faut beaucoup de raisons pour aller mal, il n’en faut aucune pour être heureux ». 

"Emmanuel je te souhaite un Joyeux Anniversaire"
:D

                                                                  

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mercredi 2 octobre 2013

De là, on voit la mer

Philippe Besson

Roman 
Editions Julliard 2013
204 pages

 Lecture partagée avec Jacky

  "Sous le regard de Chris"


«Il est au printemps, elle est à l’automne
Son cœur se prend, le sien se donne
Et sa route est déjà tracée…»


Louise, la quarantaine, écrivaine en mal d’inspiration, part s’isoler en Toscane. De là, on voit la mer. Elle a besoin de cet exil, de la solitude de la plage, du silence de Livourne pour retrouver une plume féconde et poursuivre l’écriture de son roman. Elle est une femme de caractère, qui assume pleinement ses actes, ses pensées et c’est avec un esprit libre et sans scrupule qu’elle se jette corps et âme dans les bras du jeune Luca. Elle succombe sans retenue à la fougue, l’insolence et l’impétuosité de ce jeune étudiant militaire qui pourrait être son fils. Peu importe la différence d’âge, elle vit pleinement cette amour, cette frénésie du commencement. Mais où est le problème me direz vous ?

Louise est mariée, voilà les trois pièces maitresse de cet échiquier, la Reine et deux pions!

Tandis que Luca vit très bien son rang d’amant, Louise manipule et pourtant on la suit dans cette clandestinité interdite. L’infidélité entraine un mensonge et puis un autre. Plus rien ne compte, elle s’enivre de ce jeune corps qui réveille en elle ses démons endormis. Elle n’obéit plus qu’au désir et à l’animalité. Cette passion l’entraine dans son roman et l’écriture jaillit. La sensualité, son corps repu collant de sueur et de suc, toutes ses scènes échouent dans son roman. Rien n’est perdu, tout lui sert.  

Mais François, ce mari irréprochable, attentif mais effacé se doute et s’inquiète de ce silence. Alors il est prêt à tout, même l’irraisonnable pour comprendre et récupérer sa femme tant qu’il en est encore temps. Mais Louise est une pièce maitresse dans ce damier. Dénuée de toute culpabilité, elle mène le jeu et se fiche pas mal de la fidélité, pour elle la question du sexe n’entre pas en concurrence avec celle de l’amour. Alors vient inexorablement le moment de vérité, avec violence et fracas. Un face à face triangulaire entre une femme puissante et égoïste et deux hommes que tout oppose, empreints à de forts sentiments.

Un trio de choc vertigineux comme je les aime. Je ne me lasse pas de la plume de Besson, sa façon de toujours me surprendre et de me heurter. Il jongle avec les sentiments et les émotions. Son écriture  nous laisse en apnée jusqu’à la dernière page en appuyant là où ça fait mal,  là où ça dérange.  Il a ce don de mélanger la violence de l’amour dans un acte interdit et de nous impliquer dans son histoire tout en laissant place à une seule question : Et moi qu’aurai-je fais dans cette situation ?
 
De là, on voit la mer, une vaste étendue d’amour à en perdre l’horizon ! 


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Mes marque-pages :

"Il y a des moments dans une existence où on demande la vérité alors qu'on présume qu'elle va nous heurter. Des situations dans lesquelles on renonce au confort de l'ignorance, aux vapeurs anesthésiantes de l'incertitude et où prend le risque du réel, de la dureté du réel. Des exaspérations telles qu'on a besoin d'en finir, une bonne fois pour toute. Des secondes de frisson et de flambe où on pousse toute sa mise sur la table en attendant de connaître le jeu de l'adversaire et d'apprendre s'il est meilleur que le sien ou pas".

"Elle ne pense pas non plus aux années qui les séparent afin d'occulter que ce sont les années qui les condamnent. Elle s'abandonne. Le mieux, n’est ce pas, c'est encore de s'abandonner".  

Mon post it :

Merci Jacky pour ce voyage, ce texte sublime, ce petit mot et ce partageAvec Philippe Besson tu ne pouvais me faire plus plaisir. 


  Pour lire le billet "Sous le regard de Jack"