jeudi 21 janvier 2016

La Variante Chilienne

Pierre RAUFAST

Alma Éditeur 
2015

#MRL15
#PriceMinister



- Avec tout ça, le choix devient impossible, non ?
Florin me regarda, placide.
-Le choix ! Vivre, c’est choisir.
                                                   
La vie est une question de choix.
Une histoire prend le sens que nous voulons bien lui donner, en fonction des choix qu’il nous faut faire pour ne pas devenir l’apôtre des regrets.

Pascal, professeur de philosophie, loue pour les vacances d’été une maison perdue dans la vallée de Chantebrie. Seulement cinq maisons, c’est cette raison qui le pousse à choisir ce lieu isolé pour s’enfuir avec Margaux, son élève de terminale, amoureuse des mots et de poésie.
Détournement de mineure me direz-vous ? Vous n’y êtes pas du tout ! Simplement la fuite de deux êtres aux rêves déchus, à la recherche d’un sens à leur vie, dans la plénitude, loin de toute terre habitée.

Les jours paisibles s’écoulent au rythme du soleil quand Pascal va croiser le chemin de Florin, un  homme ténébreux et solitaire. Une rencontre qui bouleversera le cours de leur vie.

Margaux porte une trop lourde culpabilité sur ses frêles épaules et fuit le regard de son père. Pascal préfère la philosophie aux femmes et se réfugie dans les questions existentielles d’Aristote et Platon tandis que Florin ne ressent plus aucune émotion. Il reste seul et sans attache désormais, incapable de nouer une quelconque relation avec ses semblables.
Des écorchés vifs avec des parcours de vie et des choix qu’ils traînent comme une croix. Mais un jour, vient le moment de  déposer les armes, de laisser couler les larmes et d’affronter le chemin devant soi.

Pascal, attiré par cet homme étrange découvre un personnage curieux mais d’une grande intensité.
Florin referme dans des bocaux plus de quatre mille cailloux, qu’il a choisi et ramassé tout au long de son existence. Ces pierres précieuses sont comme des garde-fous, des fragments de sa mémoire.  Il les reconnait dans les moindres détails. Chacune de ces pierres protège les secrets de son âme, mais il en délivrera les maux au creux de sa main, sous le regard impatient de Margaux, de Pascal mais aussi le mien.

« Il plongea ses doigts et en sortit un caillou. Pensif, il joua avec en le faisant rouler lentement entre son pouce et son index comme l’on tourne le prénom d’une femme sans sa tête avant de s’endormir. Puis il posa sur la table ce nouveau fragment de mémoire. »

Au fil des cailloux, les liens se tissent, les âmes s’apprivoisent et les boucliers tombent. Chacun apporte une petite pierre à son édifice, puis deux, puis trois et ainsi peu à peu les brèches du cœur se pansent. Ils passeront les vacances bercés par la mémoire des uns, des autres et par la bienveillance de la douce chaleur de l’été.

Pierre Rausfat fait de magnifiques ricochets dans l’immensité de mon cœur, un très beau lapsus que le prénom de l’auteur. Ses mots font écho en moi et les jolis petits cailloux qu’il sème au fil des pages nous guident pas à pas vers notre chemin intérieur. Les personnages s’abandonnent et nous font prendre conscience que parfois un lâcher prise est salvateur. Pierre est comme ce minéral précieux que l’on ramasse au bord de la rivière, un galet unique, rond, plat, blanc et soyeux que l’on caresse du bout des doigts pour en saisir l’essence et les vertus apaisantes, tout comme ce roman délicat au mille et une couleur de l’amour et de ses variantes.

« En mars 1998, j’ai joué la plus longue partie de cartes de toute ma vie. C’était une partie de capateros – un jeu que j’avais appris au Chili. Elle débuta le vendredi soir après le repas et se termina le dimanche en fin d’après-midi, juste avant le départ de l’autocar de 17h03 pour les Ratanelles. » 

Capateros et sa variante chilienne, quand une vie se joue sur une simple partie de carte … 



Un grand merci aux Matchs de la Rentrée Littéraire Rakuten Group
ainsi qu'à Pierre Raufast pour ses merveilleux ricochets.

** X **

16 commentaires:

  1. Un roman qui a l'air fort, chargé en émotions comme les embruns d'une parenthèse patagone. Et j'ai adoré la façon, tout en poésie, dont tu nous as parlé de ce livre, de ces ricochets dans l'immensité de ton cœur. Il est si grand que ça ton cœur ?

    L'amour et ses variantes, ça me connait, les ricochets moins mais peut-être parce que je n'ai pas assez caressé mon caillou avant de le lancer faire des bonds eu-dessus de la rivière.

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    1. Merci beaucoup Bibison pour le compliment surtout que je voulais être à la hauteur pour ce livre. Pierre, Florin, Pascal et Margaux sont de très belles rencontres, celles que j’aime et qui se font rares aujourd’hui. Un très beau roman !
      Les ricochets, il te suffit de choisir le bon galet… parfois je reste des heures à le choisir, l’apprivoiser, le caresser et là il te fera les plus ricochets du monde … mais il te faut être patient petit scarabée!

      Faire des ricochets, siffler, cracher, donner des coups boules, ça me connait, mon grand frère m’a tout appris, sauf faire pipi debout contre un arbre ;-)

      Mon cœur n’est pas grand, il est sans fin pour qui veut l’entendre.

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  2. ouch. très très belle critique, Cristina, je te remercie ! :-D
    Je remarque aussi sur la photo pleins de petits post-it et cela m'intrigue...
    amicalement
    raufast.wordpress.com

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    1. OOooooooohhhhhhhhhhhhhhhh !!! Ton petit caillou sur mon blog est ma plus belle récompense !
      C’est moi qui te remercie, pour Ce livre et ces personnages touchants. J’ai eu grand plaisir à passer de délicieux moments en leur compagnie. Un petit bonheur au quotidien.
      Il me tarde d’aller à la rencontre de « La fractale des raviolis ».

      Mes post (co)ïts intriguent ? Une longue histoire que ces penses bêtes, et pour t’intriguer encore plus, pour la photo j’en ai supprimé quelques uns. Ils sont à l’image de tes petits cailloux ;-)

      Encore merci de ce passage, de ces évasions et d’écrire pour nous !
      Quand viendra l’été je ne pourrais m’empêcher de penser à toi et ces vers luisants la nuit tombée !
      Ce n’est pas juste, j’aimerai bien être un mec parfois !:)

      « Dis moman pourquoi j’suis pas un garçon ? :D »

      Merci pour Florin,les autres et ceux à venir !

      Amicalement

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  3. Fascinant sous ta plume Cristina...
    Pourquoi n'avons nous pas douze vies pour pouvoir lire tous les livres que nous aimerions lire...
    Oui pourquoi ?
    J'aime beaucoup l'idée des cailloux de Florin, énigmatiques et poétiques à la fois.
    Merci pour ce bel article .
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Merci beaucoup Célestine. Tu as les mots justes "Énigmatique et poétique" Un beau roman à lire et à offrir !

      Bises :)

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  4. Une variante chilienne à la sauce Andalouse, y a pas à dire, ça le fait ! ;)

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    1. Rahhhhh merci manU !
      Une très belle histoire et puis les cailloux et les galets ça me parle, j'en ai presque autant que les livres ;-)

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  5. Cette Variante Chilienne te va à ravir ma Rousse! <3

    Ces belles rencontres qui changent notre vie...
    De beaux petits caillous semés au fil des pages et que tu nous partages avec beaucoup d'émotions.

    Bravo ma p'tite bulle de savon!
    xxx

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    1. Oui de beaux personnages et j'ai cette chance d'avoir fait et de faire encore de belles rencontres, de croiser de beaux gens, comme Florin et comme Nadine aussi ;-)

      Bisous mon ti caillou tout doux

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  6. Un très joli roman et un auteur qui est un vrai conteur comme on n'en fait plus.

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    1. Il m'a suffit de lire la première phrase de la 4eme de couverture et j'étais conquise !

      Je suis heureuse d'avoir croisé ce conteur.

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  7. Conquise toi aussi... je ne suis pas étonnée ! ;-)

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    1. Tu commences à me connaître ;-)
      J'ai hâte de replonger dans un de ses romans :)

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  8. Bonjour Cristina, j'ai découvert Pierre Raufast avec la fractale des raviolis: lecture agréable mais qui s'oublie vite. J'ai continué avec La variante chilienne qui m'a beaucoup plu. Il y a un vrai fil conducteur. J'attends son roman suivant avec intérêt. Bonne journée.

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    1. Moi aussi j'ai hâte de découvrir son prochain roman ! Où va t'il nous mener ? Quels personnages? quels anecdotes ?

      Vite ;-)

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