LEMEAC / ACTES SUD
130 pages
2014
Rentrée Littéraire Janvier 2015
SEXLESS :
Mot castrateur dont
je ne connaissais ni l’existence ni la signification voici quelques jours.
Syndrome japonais
délicatement abordé avec justesse et intelligence dans ce court roman de
Shimazaki-san.
Abstinence ou
absence totale de désir ou d’activité sexuelle au sein d’un couple,
manifesté par une grande aversion de toute relation tactile avec l’autre.
L’envie n’existe plus. Les origines sont physiques et/ou psychologiques :
impuissance du mari, insatisfaction des conjoints, frigidité, les femmes
s’ennuient de leur mari, développement d’un certain dégoût pour l’acte sexuel. La cause du phénomène est vécue de manière volontaire mais souvent subie par une seule des deux personnes qui est en état de manque, sa libido restant intacte. Mais il arrive aussi que ce soit par les deux. Malgré l’affection qui subsiste, une
dépression conjugale s’installe. Dès que l’on ne pratique
plus l’acte sexuel, il est très difficile de redevenir actif à cause du manque
de volonté des intéressés. C'est dans cette atmosphère de frustration et
de solitude assumées que les relations sexuelles du couple s'effacent au profit
de l'autosatisfaction : vidéo pornographique, sex-toys, sex-shops, masturbateurs high-tech, bar de rencontre. (Agoravox Mars 2007)
Mitsuo et Atsuko
sont un couple sexless. La trentaine, carrières prometteuses, deux enfants, ils
ne manquent de rien mise à part de cet épanouissement sexuel qui cimente le
couple. Atsuo devient mère plutôt que femme tandis que Mitsuo étouffe sa libido
au plus profond de lui.
« Je me
demande souvent s’il nous serait possible de raviver notre sexualité, comme au
début de notre mariage. Toutefois, nous sommes si accoutumés à notre vie
actuelle, surtout à la chambre à part, que j’ai peur d’aborder le sujet avec ma
femme. Je n’arrive pas à croire que huit ans ont déjà passé depuis notre union.
Atsuko vient d’avoir trente-quatre ans et moi, j’en aurai bientôt trente-six.
Nous sommes encore trop jeunes pour être sexless. Je n’imaginais pas une telle
chose. »
Néanmoins, Mitsuo
reste un homme normal, ses désirs le consume, le besoin est toujours là et se
fait ressentir. Alors après son boulot, de temps en temps, pour combler ce
manque, il fréquente les pink-salon et les vidéo-box. Son épouse tolère ce
fait, se tait et ferme les yeux.
Dans ces lieux
d’érotisme, aucun contact, c’est simple, commode et rapide. Mais il est las de
ces services «sexe solitaire» qui lui procurent de plus en plus un sentiment de vide et de
profonde tristesse.
« Il y a des
hommes qui vont au vidéo-box ou au pink-salon pour seulement se soulager. C’est
pitoyable ! »
C’est par le plus
pur des hasards qu’un jour il croise un ancien camarade, Gorô, marié, deux
enfants, couple sexless et trois maîtresses. Un soir Gorô insiste et l’invite dans un club très sélect, c’est donc
sans arrière pensée que Mitsuo le rejoint. Dans ce lieu de fantasme il reconnait
la belle et mystérieuse Mitsuko, son amie de classe, élève mutique mais
exemplaire avec qui il découvrira les premiers émois et prémices de l’amour.
Pour ne pas l’offenser, il cache sont identité. Désormais, son souvenir ne le quitte plus, les images
défilent et ravivent en lui des désirs trop longtemps étouffés. Pourquoi est-elle
devenue entraîneuse au doux nom d’Azami, alors qu’un bel avenir lui était promis
? Mitsuo veut comprendre et la revoir. Il refait un point sur sa vie, ses
espoirs, ses incertitudes. Entre doute et désarroi, plaisirs refoulés et
passion ardente, flash-back et présent,
la vie ressurgit et les démons de minuit aussi.
Pourquoi ce
syndrome toucherait davantage les nippons ? La réflexion ne serait elle
pas plutôt, pourquoi les japonais en parlent plus librement que nous
autres les occidentaux ? Peut-être parce qu'ici on ne le dit pas...
Je susurre à ton oreille :
« Ce soir encore, ton
oreiller est baigné de larmes.
A qui rêves-tu ?
Viens, viens vers moi. Je
m’appelle Azami. Je suis la fleur qui berce la nuit. »
Azami, la perle rare de Shimazaki.
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J’ai lu ce petit roman à l’automne, juste avant l’hibernation, et je me suis régalée. Une écrivaine québécoise née au Japon, que j’ai eu la chance de rencontrer. Quelle beauté, quelle douceur dans ces quelques pages. J’aime sa manière de raconter le Japon, d’aborder aussi le destin avec beaucoup de sensibilité, avec pudeur et une tonne de sentiments humains. Bravo pour ce beau billet Cristina :D
RépondreSupprimerVeinarde ! :D
SupprimerMerci beaucoup Nadine ! Je découvre cette auteure et je suis ravie car j'ai dans ma bibliothèque 2 livres de la Pentalogie "Le poids des secrets" de Shimazaki. Comme j'ai hâte de les découvrir.
C'est à la fin de ma lecture que j'ai compris que l'écrivaine est une femme et quelle belle et jolie surprise !
P'tit bec ;-)
Quel livre ! Typiquement le genre de bouquin qui me ferait envie. Coïncidence, je viens de finir également un Shimazaki. Ma première incursion dans son monde littéraire. Et pas la dernière. Une plume vraiment très belle, très fine. Et avec cette fleur de chardon, tu m'as donné envie de m'y piquer. (heu, ça pique le chardon ?)
RépondreSupprimerChardon : Fleur avec un dégradé de violet, aussi belle qu'épineuse. La vertu protégée par ses piquants.
SupprimerUne réelle surprise. J'ai clôturé l'année 2014 en beauté avec Ogawa et je la démarre merveilleusement avec Shimazaki. Quel plaisir !
Laisse toi tenter par tes envies !
Un sujet délicat dont je ne doute pas qu'il soit traité avec le "doigté" qui lui convient.
RépondreSupprimerLa littérature asiatique te sied à merveille petite fleur de chardon... ;)
Un sujet délicat comme tu dis, qu'il va falloir que je présente et défende avec "doigté" à la rentrée littéraire de mon village... Tu veux pas me remplacer ? ^^ ;-)
SupprimerMerci mon manU ton petit mot me touche ;-)
"Tu veux pas me remplacer ?"
SupprimerLa question se réfère à la présentation ou au doigté ??
Dis moi il faut arrêter le gingembre dans la chouffe hein !! ;-)
SupprimerBon comme je suis gentille je propose La présentation à Mister Crapaud et je te laisse le second, ça te va ? :D
Ah je vois, toujours les mêmes qu'on met sur les bons plans...
RépondreSupprimerC'est que je suis un grand timide, et que je n'oserai jamais une présentation ;-)
SupprimerLolllll :D
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce petit roam si délicat (et moi je connaissais la définition de "sexless" même si cela ne fait pas du tout, du tout, du tout, du tout, du tout, du tout partie de mon quotidien, tu t'en doutes bien ;) )
RépondreSupprimerQue j'aime ta spontanéité Jérôme, et la façon que tu as de ne pas te prendre au sérieux... Merci... J'adore !
SupprimerLa passion ne dure qu'un temps, le plus important dans un couple c’est de faire perdurer la complicité, le partage, le désir, l’envie, l’Amour, surprendre toujours et de garder ce regard unique vers l’autre.
Mais SEXLESS mon Dieu jamais !! que Dieu m’en préserve jusqu’à mes 80 ans au moins ;-)
Heu, 80 ans? c'est pour quand ?
SupprimerJ'ai encore de la marge t'inquiètes ;-)
SupprimerEncore une petite vingtaine d'année...
SupprimerChut !!! ^^ il faut pas le dire ;-)
SupprimerJe l'ai repéré celui là, le thème m'intrigue je dois dire...!
RépondreSupprimerEt tu aimeras car le sujet est traité avec beaucoup de délicatesse... !
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