vendredi 6 février 2015

J'aimais mieux quand c'était toi

Véronique OLMI

Editions : Albin Michel
134 pages
2015 

Rentrée littéraire




                                                                                                   
Ma Carolette, mon Attachiante,

Pourquoi se contenter du pire quand le meilleur s’offre à nous ? Ne serait-ce que pour une minute, une heure une éternité…

T’est-il déjà arrivé, Carole, de t’assoir sur un banc, le temps s’arrête, ton regard est dans le vide mais ton cerveau est en pleine ébullition prêt à exploser ? Devant ce banc plusieurs chemins se présentent à toi. Lequel choisir ? Voilà le dilemme qui torture l’esprit de Nelly, 47 ans.

Nelly est assise sur ce banc, au milieu d’une gare. Peu importe que ce soit Nelly, toi ou moi, 47 ou 34 ans !  Quelle importance au fond, un jour ou l’autre un banc se présente à nous et le dilemme tombe comme une urgence, comme si notre vie en dépendait !

Nelly est actrice. Ce soir, l’attend un grand rôle au théâtre. La salle est comble. Mais un homme, au centre du cinquième rang lui fait l’effet d’une entaille, d’une trahison. Nelly puise en elle la force pour tenir son personnage. Mais son corps démissionne. Ses mots se fragmentent en silence. La représentation chavire, la pièce est annulée !

Nelly fuit. Elle va marcher sans but dans les rues de Paris à la recherche d’une réponse, d’un souffle, d’un sursaut de vie qui lui manque pour ne pas asphyxier. Dans cette gare, sur ce banc elle se pose. Durant toute une nuit, l’heure de la mise au point est venue, un face à face s’impose. Des images de sa vie lui reviennent comme des boomerangs. Des flashbacks jaillissent comme des missiles. Ça fuse de toute part. Pas le temps de souffler que ça retombe, coup de poing dans la gueule, aucune pitié pour Nelly. N’oublie pas de tendre l’autre joue ma fille, Dieu l’a dit ! Et puisque tu as choisi ta vie, maintenant tu assumes, quitte à en crever. Pour le meilleur et pour le pire. Pas le droit à l’erreur. Putain, comme ça fait mal. Mais Nelly reste sur ce banc, affronte ses démons, se couche, se relève comme un bon petit soldat et nous raconte :

Une mère qui sombre peu à peu dans la maladie : Les ténèbres de l’oubli.
« Je me demande pourquoi j’ai voulu la blesser. Pourquoi haïssant sa maladie, je me suis emportée contre elle. Je la vois sortir de son rôle, être doucement happée par hier, et même si l’avenir est un oubli perpétuel, je voudrais qu’elle marche sans se retourner, avec une dignité que rien n’entame. »

Un père qui n’a pas eu les armes pour affronter sa sexualité.
« Et soudain, je pense à mon père. A sa vie qu’il n’a pas jouée. Et cette vie sans rébellion m’emplit de chagrin. Cet homme, magnifique personnage tragique, second rôle timide qui ne savait pas qu’il pouvait parler aussi fort que les autres… qu’y avait-il à l’autre bout de la plage, papa ? Y avait-il la solitude, la tentation du suicide, ou celle d’autres hommes ? »

Deux fils qui ne voient en elle qu’une mère dans ce grand lit désert et froid.
« Ils ignorent ma chambre vide. Ils font confiance. […] Comme si la maternité nous rendait infaillibles. Et pourtant, il suffit d’un rien. Un homme qui n’est pas eux. Un homme qui passe et leur mère n’est plus leur mère. Juste une femme qui hurle de douleur. Qui meurt sur scène. Et couche dans les gares. »

Un homme effacé mais tellement présent.
« Mais ce soir, hier soir, elle s’est octroyé le premier rôle. Elle a placé au centre du cinquième rang – place idéale – l’homme idéal. Celui que j’avais nié sans l’oublier. Occulté sans le quitter. Le porteur de vie. L’amoureux. Pas un jeune premier, non. Un homme d’âge égal au mien. De force égale. […] Un fait pour moi. »

Une vie. Sa vie. Ses choix.
« Est-ce qu’on me laissera jouer encore ? Est-ce que vous pensez que cela est possible ? Un pardon ? Une grâce … »

On ne peut être que touché, réveillé, bousculé, par la fragilité de cette femme et par l’écriture sobre de l’auteure, comme des cris, des bouteilles à la mer. On s’en prend plein la gueule et on se demande, Nelly, Carole, 47 ou 34 ans quel chemin, quel choix, quelle voie ? Celle que nous dicte une certaine retenue, une certaine conscience morale ou celle qui va nous apporter cette petite brise qui nous rend si vivant ? A droite ? A gauche ? Tu me suis ? Ne pas cracher sur le bonheur.

« J’aimais mieux quand c’était toi », mais je sais, Carole, combien tu préfères quand Aimer se conjugue au présent : Tu aimes mieux quand c’est lui ! Et comme tu as raison ! L’Amour c’est quand même mieux quand il est vécu au présent ! Ne pas avoir de regret, ne pas avoir à se dire que l’on aurait pu…

Contre vent et marée, Nelly et toi avez fait le choix de la Vie, de l’Amour, pour une minute, une heure et pourquoi pas l’Éternité ?

Joyeux Anniversaire Carole pour tes jolis printemps !

« J’ai vaincu la mort pour cet instant-là. Précisément. Être dans ces minutes-là. 
Ce regard-là. Cet homme là.
Le temps s’incline et nous quitte.
Et la vie est là.
Mon Dieu…
Comme c’est simple. »





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17 commentaires:

  1. J’ai connu Véronique Olmi avec « Le premier amour », que j’ai beaucoup aimé. Et en lisant ton si beau billet, j’ai l’impression de retrouver des thèmes qui lui sont chers, le face-à-face avec la vie, dans tout ce qu’elle offre de sentiments, et ces moments de solitude nécessaire pour mieux se retrouver…

    J’aime ces délicates attentions, c’est pourquoi, même si je ne te connais pas, je te souhaite un très joyeux anniversaire Carole! :D

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    1. Je découvre cette auteure avec ce roman et je sens que je vais être encore surprise par d'autres de ses romans. J'ai hâte de les découvrir.... Pfffttt les journées ne font que 24 heures ;-)

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    2. Merci beaucoup Nadine. Que de jolis messages et de belles attentions pour mon anniversaire.

      :D

      Carole

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  2. Ah l'amour, toujours l'amour... De la difficulté de faire le bon choix et, ou d'assumer ses choix...
    En tout cas bon anniversaire Carolette !! ;)

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    1. Des choix, des chemins, à droite, à gauche...

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    2. Je te remercie Grenouillette !
      Que serions nous sans Amour ? ;-)

      Carolette

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  3. Merci infiniment ma Chris pour ce très beau cadeau littéraire, qui me touche plus que tout !... parce que ça été écrit de ta main... et avec ton cœur. C est les larmes aux yeux que je conclus la lecture de la critique, qui plonge ces femmes dans un dilemme ? Un tourment ?...ou leur vie simplement, et assumer leur choix. C est avec plaisir et conviction que je me procurerai ce livre qui me parle, m interroge, de ces interrogations, y trouverai je des réponses, peut être !!!... merci beaucoup. Gros bisous et à toute à l heure.

    Ton Attachiante Carole

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    1. Tu m'as inspiré pour ce billet ;-)
      A lundi au bureau c'est toi qui ouvre lollll :D

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  4. Si j'avais su, j'aurais mis une Chouffe au frais. La Chouffe, c'est la bière des anniversaires, des rencontres, des croisements de regards sur un quai de gare. La Chouffe, c'est la bière à boire en lisant ce livre qui parle d'amour et de choix, celui d'aimer encore à 47 ans, à 42 ans ou à 34 ans.

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    1. Et bien au delà de 47 ans ... j'y crois ... :)

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    2. La chouffe ! il n'est jamais trop tard pour en mettre une au frais !
      Cadeau de mon chéri : "Le petit livre des bières" Editions Prisma !

      Que dois je y comprendre comme message ? ;-)

      Carole

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  5. Et ben, quel billet ! Jamais lu Véronique Olmi, mais si je devais commencer un jour, ce serait avec ce roman-là et aucun autre !

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    1. Et ben, quel honneur tu me fais Jérôme !

      Merci, c'est adorable. C'est le premier que je lis de cette auteure et son écriture m'a touché... et puis Nelly me ressemble un peu ^^

      Bonne journée Jérôme :D

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  6. Inspirateur de cette lecture ais-je été...?
    Mon petit doigt me dit oui...sourires...
    Du même auteur je conseille le sublime "Nous étions fait pour être heureux" et le le très sensuel e torride "La pluie ne change rien au désir"...
    Bon week-end petite marchande de bonheur(s)...
    Des bisous...pleinssssssssssssssssssss

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    1. Pour cette rentrée littéraire j'allais présenter " La Gaieté" de Justine Levy et puis dans le lot de livres proposés j'ai vu celui ci et me suis rappelée de ta magnifique photo. Je me suis dis :

      Si Jacky a aimé alors j'aimerai !

      Merci Jacky pour de m'avoir mené vers ce livre. Tu es toujours de bons conseils et je note "Nous étions fait pour.... " Bien sur ;-)

      Ta présente ce fait rare et ta poésie nous manque, je te fais des bisous tout pleinsssssssssssss
      :D

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  7. Je trouve ton billet très beau et j'y adhère, alors que je n'ai pas su entrer dans ce livre, hélas... Pourtant, certains autres romans de Véronique Olmi m'ont plu, bcp plu, même.

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    1. Il m'arrive aussi de passer à côté d'un roman, mais ce n'est pas grave, il y a tellement à découvrir.

      ET bien sur je n'en ai pas fini avec Véronique Olmi :)

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" La vie est là simple et tranquille. "
Paul Verlaine

" Le plus difficile n'est pas d'avoir mal, mais de renoncer au bonheur. "
J.P.P