lundi 2 novembre 2015

[KOKORO]





Delphine ROUX

Editions PICQUIER 2015
114 pages

Masse Critique Babelio











« Je ne vois jamais mes nièces. Je ne demande pas à les voir. […] Quand je les ai rencontrées la première fois à la maternité, j’étais comme anesthésié d’émotion. Les enfants de ma sœur, la communauté cellulaire, les cheveux similaires. J’ai posé doucement un ourson dans le berceau d’Asami, un mini-Totoro dans celui d’Asaka. Seki m’a fixé intensément. Pendant quelques secondes, j’ai cru retrouver la petite fille qui pédalait en riant sous les seringats. J’ai cru retrouver ce regard enveloppant qu’elle posait sur moi, ses mains tranquilles. Comme un retour à la source de ce que nous avions été »

Il y a des histoires comme celle-ci qui laisse des traces exquises en nous. Une remontée dans le temps qui nous emmène sur les rivages des souvenirs d’une enfance meurtrie. L’histoire simple d’une fratrie à travers le regard d’un jeune homme, Koichi, le narrateur. Inséparables, les liens qui les unissaient paraissent indéfectibles. Seki est une sœur aimante et dévouée. Pourtant, quand un drame survient brusquement dans cette famille, pour se protéger, elle met son cœur en hiver  quant à  Koichi, il reste indifférent au monde qui l’entoure.

« Doucement elle m’a déshabillé, a tenté de me rassurer, de me caresser là où elle savait donner du plaisir à ceux qui la payaient. Mais rien ne s’est passé. Malgré sa bonne volonté. Mon sexe restait mou, j’étais comme anesthésié, le corps dans cette chambre, l’esprit je ne sais où. »

Mais parfois à trop vouloir se protéger, derrière les boucliers de silence se cachent des douleurs qui gangrènent le corps. Des blessures qui assassinent l’esprit. Koichi comprend alors le rôle qu’il doit endosser à son tour pour panser les cœurs abimés et retisser les liens avec celle qu’il aime plus que jamais.

Je croyais qu’il n’y avait que la force tranquille d’un haïku ou d’une plume japonaise pour décrire la sensibilité avec autant de légèreté et de bienveillance. Je me trompais. Delphine Roux, auteure française, réussit à merveille ce court roman que je condamnais d’avance. Chaque phrase laisse planer cette saveur aigre-douce dont seuls, je croyais les asiatiques  capables. Ses mots reflètent une douce mélancolie. Une sagesse sans faim ne laissant à notre âme qu’une note ultime de poésie.

« Parfois Seki me donnait la main comme une mère. Mes doigts pâles dans les siens, nous avancions en cadence. Ma grande sœur qui m’aimait comme une mère. Mon inséparable qui me tendait son existence, au risque de tomber ; qui m’aidait à avancer. »


[Kokoro], à la recherche d’une âme çœur et retrouver l'envie d'une nouvelle vie.  



Un grand merci à Babelio 
et aux éditions Picquier 
pour cette lecture.

[kokoro, coeur]



L'avis de Noukette & celui de Jérôme 

X

19 commentaires:

  1. Tu en parles très bien, avec des mots plein de délicatesse.
    J'aime les histoires d'amour rédempteur.
    Ça me parle...
    Bises célestes
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Merci Blue Célestine,
      Une histoire tout en finesse qui fait du bien.

      Bises :-)

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  2. bon bah celui-là je ne vais pas pouvoir résister !!!! merci !

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  3. J'ai beaucoup aimé. Tellement léger et délicat !

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    1. Et quand j'ai lu ton billet j'en ai pas douté une seconde aussi :)

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  4. Les livres des éditions Picquier te vont décidément à merveille !

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    1. Et la faute à qui ????? je me le demande ;-) !

      Viens là toi que je te fasse un poutoU :)

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  5. Pas évident quand on s'appelle Delphine Roux et que l'on veut émouvoir sur une histoire japonaise en se faisant éditer par les maîtres de la littérature japonaise. Effectivement, ce ne devait pas être gagné d'avance. Et j'aurais même hésité...
    Je pense qu'un jour je le lirai. Parce que je ne suis qu'un être dont son âme poétesse ne demande qu'à ressortir.

    Mais sais-tu que Kokoro en plus de [cœur] peut être traduit par [esprit]. A l'origine Kokoro fait référence aux battements de cœur mais par la suite, sa signification engloba les éléments extérieurs à ce cœur orchestrés par l'intention, l'intellect, l'émotion. Ainsi Kokoro est à la fois cœur et esprit. Comme quoi, ces deux organes sont dépendants l'un de l'autre.

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    1. Mais dis moi Bibison, tu es malade ? ça va pas ? plus de bibine dans ton frigo ?

      Mais d'où te viens cet élan de romantisme aujourd'hui ? Tu m'inquiètes ;-)

      J'ai effectivement fait des petites recherche sur le net, et tu complètes à merveille la signification de ce si joli mots.

      [Kokoro] si beau à la prononciation.

      Cœur & Esprit, deux organes dépendants l'un de l'autre ! Rahhhhh ça me plait!

      Tu es sur que tu vas bien ?

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    2. Décidément je mets les "S" au mauvais endroit :)

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    3. Le 2 novembre est la journée romantique des bisons. Dans toutes les plaines poussiéreuses, c'est une institution. Rendez-vous donc l'année prochaine pour un autre élan. Maintenant, tu as remarqué que phonétiquement cœur et cul ont le même rythme, deux autres organes dépendants l'un de l'autre.

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    4. Rohhh il va falloir attendre un an pour avoir un peu d'humanité de ta part, ça va être long mais lonnnnnggggg !

      Je me disais aussi... :D

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  6. Tu as succombé... j'en étais sûre ! ;-)

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  7. Il m’a l’air très beau ce livre, d’une belle richesse dans sa simplicité. Les histoires de fratries sont riches, elles sont pleines de vécu, de blessures et de douceurs...

    Bravo pour ton beau billet!

    Des p’tits becs sur ta journée xx

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    1. Une richesse dans sa simplicité c'est exactement ça Nadine. Une très belle histoire de sœur et çoeur ... ;-)

      P'tits becs sur ton nez gelé XX

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  8. Quelle chronique! Waouh, je suis conquise! Merci beaucoup pour ce joli moment de lecture...

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    1. Mais que tu es gentille !
      Livre à commander au Papa Noël ;-)

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Paul Verlaine

" Le plus difficile n'est pas d'avoir mal, mais de renoncer au bonheur. "
J.P.P