Nicolas Clément
Editions : BUCHET.CHATEL
2013
75 pages
(Livre reçu par surprise)
Magistral !
Ce récit ne se raconte pas, il se
lit pour en apprécier toute la saveur. L’histoire en somme est simple, ce sont
75 pages que l’on tourne avec une extrême douceur pour ne pas en abimer la
qualité des mots, un bouquet d’émotions au texte puissant et violent. Derrière
chaque ligne se cachent des fleurs et leurs pétales nous délivrent tour à tour
un florilège de sentiments forts
et poignants comme la souffrance,
la haine, le désespoir mais aussi le désir et l’espoir d’une vie meilleure.
Nicolas Clément raconte une
enfance fauchée, l’absence qui tue, les âmes et les corps mutilés, les maux qui
agonisent au fond de la gorge et ces cris que l’on étouffe dans l’oreiller. Il
parle d’un drame, de larmes, de l’humiliation, du lien maternel, de ce père,
avare de mots comme de sentiments, qui ne connait que le langage des poings, de
cette rage qui nous ronge et nous condamne à l’irréversible. Mais au milieu de
ce chaos et de cette misère sociale, il y a l’amour comme seule échappatoire,
un souvenir bienveillant et un petit frère au cœur innocent «qui ne
demande à l’existence qu’un peu de brise pour son un cerf-volant**»
Deux lectures m’ont été nécessaires
afin de m’imprégner totalement de la subtilité du style. La maîtrise elliptique
de l’auteur bouscule. Les émotions sont palpables, les sentiments sont décrits
avec une telle profondeur que les mots font encore écho en moi. La poésie de chaque
paragraphe, de chaque phrase nous saisit et nous émerveille.
«J’attends la cloche qui me délivrera. Sous le préau, je me
jette dans les bras de Léonce, mon frère. C’est juste une dictée, Si tu as zéro, j’ai
zéro aussi, on se trompe au même endroit, on se plante pareil, on reste
groupés. Je suis au bord du puits. Léonce me tend son mouchoir à carreaux, Ne
pleure pas, Marthe. Je laisse la tristesse redescendre et respire, délestée du
poids que j’étais. Je masse mes jambes. Je ne me sens plus fautive. La vie est
longue, mon frère est là. »
Sauf les fleurs… Un parfum
enivrant que je ne suis pas prête d’oublier…
Un grand Merci à Cristie pour ce livre, un
véritable petit bijou !
** « Mère » poème de M.
Carême
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