Partie I
Editions : Nil
2011
Lecture plaisir avec manU
Valence,
Dimanche 19 aout 1979
Madame le
juge,
Je m’appelle Christine, j’ai 12 ans. Comme chaque année, je
viens passer quelques jours de vacances chez ma tante à la campagne. Chaque été,
je retrouve mon camarade Hugues, il est si gentil. Il habite le village depuis
toujours avec ses frères et ses parents. Comme chaque été depuis maintenant
plusieurs années, Hughes se confie à moi. Aujourd’hui, il est urgent d’agir
sinon je crains un grand malheur pour mon ami. Depuis longtemps maintenant son
père boit, un véritable alcoolique. De plus, il est violent avec sa femme.
Hughes, pour apaiser sa honte et son cœur, me raconte des choses horribles. Son
pater ne dessoule pas du matin au soir, rentre tard la nuit les yeux injectés
de sang, hagard, titubant, le visage rouge et bouffi. Alors commencent les
coups et les insultes. Il cogne, il frappe puis vient l’angoisse, le bruit des
pas sur le parquet, cette terreur de voir son père débarquer dans sa chambre. Alors
il se fait tout petit, invisible, pour se faire oublier.
Son père est apprécié par tous les villageois mais la nuit
tombée, il se transforme en un être abject et écœurant qui empeste la haine et
l’alcool. Le refuge de Hughes, c’est sa chambre, à mille lieux de toute cette
violence. Mais il faut encore qu’il se bouche les oreilles, avec la musique à
fond, pour ne pas entendre ses parents vociférer, ne pas entendre le bruit sourd des coups
qui traverse les murs. Quand les coups cessent enfin et laissent place à un
silence de mort, c’est la peur au ventre qu’il descend à la cuisine voir si sa
mère ne gît pas dans une marre de sang.
Que fait la police ? Rien ! Que font les villageois ?
Rien ! Les gens du voisinage ricanent et répandent des ragots mais tout le
monde se mure dans le silence et laisse sa mère dans le chaos et la résignation.
Même la grand-mère d’Hughes, ferme les yeux, « On ne divorce pas chez
nous, tu étais prévenue ma fille, maintenant tu dois assumer, et puis de quoi
vivrais-tu ? Il n’est pas si mauvais ton mari, il te nourrit ! »
Quelle belle nourriture pour l’esprit !
Ce ne sont pas les coups qui sont les plus douloureux mais
les bleus à l’âme, l’humiliation, les regards qui se baissent, la honte… Ce qui
fait le plus mal, c’est de savoir que tout le monde sait et que personne ne fait
rien. N’y a-t-il pas non-assistance à personne en danger ? Ne peut-on rien
faire pour lui ?
Sa planche de salut pour survivre à tout ça, c’est la bande
dessinée, mode d’expression qui lui permet de s’évader un peu, de fuir la
noirceur du réel. Et bien sûr, il y a sa tante, Dominique, sa bouffée d’oxygène
qui lui promet monts et merveilles mais qui ne vient jamais ou si rarement.
C’est la colère au ventre et le cœur plein d’espoir que je me
tourne vers vous aujourd’hui avant qu’il ne soit trop tard. J’aime beaucoup Hughes
et je crois qu’il m’aime bien aussi, il a tellement confiance en moi.
Faut-il attendre l’irréparable ? Combien de vinasse et de
vomi sous la table devra-t-il ramasser avant que quelqu’un n’intervienne, avant
qu’il ne reproduise lui-même ce même schéma ? Quand on ne connait que la
haine, les insultes et les coups, ne risque-t-on pas de reproduire ce à quoi on
a assisté depuis toujours ? Mais pour Hughes, je suis certaine qu’il n’est
pas trop tard…
C’est un S.O.S, une main tendue, que cet été 79 soit comme une
bouteille à la mer !
Je vous en supplie, ne le laissez pas tomber.
Christine
Le coup de gueule de Christine ce dimanche 18 août 2013 :
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Le coup de gueule de Christine ce dimanche 18 août 2013 :
Ce qui démolit
le plus ne sont pas les blessures
visibles mais celles que l’on ne voit pas. Peu à peu elles nous isolent, nous
résignent, nous éloignent du mot Amour. On ne croit plus en la
justice, en Dieu, en soi, alors on accepte les coups, les injures et on oublie ce que veut dire le mot Aimer et être Aimer jusqu'à n'être plus rien.
Nul ne
mérite d’être traité de la sorte. Le soleil se lève pour tout le monde …
Enfance
maltraité 0800 05 12 34 Numéro vert.
Femmes
victimes de violences 03. 22. 52. 09. 52 - Coût d'un appel local vers un poste fixe.
C’était ma
toute petite goutte d’eau...
Mon post it :
Merci encore et toujours mon manU pour m'avoir confié ce livre, touchant, émouvant, vrai. Comme tu me connais bien.
Pour lire son billet c'est juste là : Mon Blog Préféré...
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"Tous les cris les S.O.S.
RépondreSupprimerPartent dans les airs..."
"Dans l'eau laissent une trace
SupprimerDont les écumes font la beauté..."
Une lecture dont on ne doit pas sortir indemne !
RépondreSupprimerC'est d'autant plus touchant quand on comprend que c'est autobiographique !
SupprimerC'est en deux volumes, non ? Faudrait que j'essaie de les trouver à la médiathèque, tu me donnes furieusement envie de découvrir cette terrible histoire.
RépondreSupprimerNormalement oui en deux volumes et le 2eme vient de sortir... donc la suite est pour bientôt :)
SupprimerMerde, mais comment que je fais pour déconner après ça ?
RépondreSupprimerHein, tu y as pensé ?
Lolll
SupprimerRetourne dans ta grotte Iséroise ;)
Et dire que tu manques tous les festivals de jazz de la région ! Si c'est pas malheureux ça ;) ^^
Je crois que c'est le moment opportun pour reprendre mon plan drague...
RépondreSupprimerMais tu ne t'arrêtes jamais toi ? :)
RépondreSupprimerJe suis trop vieille pour toi mon petit Hugo ^^ :D
Il venait d'avoir 18 ans il était beau comme un enfant fort comme un homme :D mdr
SupprimerMême la chanson tu ne la connais pas...tu vois ...trop vieille :)
...cette terreur de voir son père débarquer dans sa chambre. Alors il se fait tout petit, invisible, pour se faire oublier...
RépondreSupprimerJe passe...je ne lirais pas ce livre...car je sais trop.........
Je t'embrasse
...............Je rentre dans cette chambre d'enfant, je prends cet enfant dans mes bras et c'est très fort que je l'embrasse ...................
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