jeudi 13 février 2014

La maison de terre

Woody GUTHRIE

Editions : Flammarion 
255 pages

Postface J. Deep & D. Brinkley
40 pages

Masse Critique Babelio








Ce roman écrit en 1947 et édité seulement en 2014 avait exactement toutes les caractéristiques pour me séduire : Un auteur qui a laissé des stigmates indélébiles dans le cœur de Dylan, Springsteen, Baez et bien d’autres, le portrait brut d’un couple de fermier, la grande dépression qui frappe de plein fouet le Texas, la misère sociale, les tempêtes de poussière, le froid, l’amour, la révolte, l’espoir. Un récit dépeint par un des plus grands auteurs compositeurs de country, Woody Guthrie à la verve de Steinbeck et une postface plus qu’élogieuse de Johnny Depp et Douglas Brinkley. Mais malgré toute cette effervescence je n’étais pas au rendez-vous.

J’attends d’un roman que les mots me coupent le souffle ou me fasse rire aux éclats à en oublier l’heure. Quand j’aime un livre, les pages défilent mais voilà, l’émotion ni était pas. Je venais de finir un roman troublant et saisissant dont chaque mot avait l’empreinte de la cruauté sociale et c’est « La Maison de terre » qui en subit les conséquences.

Woody Guthrie, icône et  grand parolier folk américain (1912-1967), réputé pour ses chansons à texte au goût amer de l’Amérique profonde, brosse le portrait d’un couple d’agriculteurs texans des années 30.

Tike et Ella May, jeunes agriculteurs, vivent au cœur même de la précarité, une maison en bois, premier cliché de leur misère. Cette ferme n’est ni plus ni moins qu’une ruine bouffée par les termites, vermoulue, fissurée, lézardée et puante. Ils vivent sur des terres arides et désertiques, le Caprock, région chère au cœur de Guthrie. La crise économique est à son apogée. Les catastrophes climatiques détruisent les récoltes. Jamais la vie n’avait été si cruelle que durant ces années de grande dépression. Les fermiers meurent de faim, s’épuisent et sont obligés de tout vendre pour une bouchée de pain. Les banquiers sont là comme des requins sans pitiés et attendent que les têtes tombent. Une nouvelle forme de ségrégation s’élève « le Métayage ». Mais Tike et Ella May résistent et n’ont qu’une idée en tête, bâtir une maison de terre, leur rêve américain, pour accueillir comme il se doit leur premier enfant. Une maison aux murs épais qui les mettrait à l’abri du feu, du blizzard de l’hiver et du soleil qui cogne en été, des tempêtes de sables, de la crasse et des insectes. L’état et les rouages du système financier leur promet monts et merveilles mais la dure réalité de la vie les rattrape, épuise leur dernier espoir et les anéantit un peu plus chaque jour.

A chaque page, j’ai attendu que ce couple de fermiers me prenne par la main, je l’ai tendue en vain. La plume de l’auteur ne m’a ni saisi ni bouleversé dans cette misère et cette poussière, et pourtant dieu qu’elle était grande. Les mots de Guthrie ne m’ont pas convaincus, une écriture certes aiguisée et sans fioriture mais je n’ai pas retrouvé la violence, la rage, l’érotisme que peut retranscrire Steinbeck à travers ses livres. J’aurai aimé sentir la poussière et le sable décrits, grincer sous mes dents, sentir les mains calleuses de Tike, avoir de la compassion pour ce couple à la dérive, sentir les larmes me monter aux yeux, mais non ! Rien de tout cela ! En revanche la quarantaine de pages de la postface ont décrit un auteur-compositeur engagé, bouleversant et bouleversé que je ne connaissais pas et qui m’a intéressée et surprise plus que le roman lui-même.


« La maison de terre », comme un rendez-vous manqué ou peut-être est-ce moi qui n’ai pas su descendre à l’arrêt du Bus Stop pour aller à la rencontre de ces deux écorchés.





Life's pretty tough...
You're lucky if you live through it.
Woody Guthrie 




Merci à Babelio et aux Editions Flammarion pour cette découverte.

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13 commentaires:

  1. Dis-moi, tu attends beaucoup de choses d'un roman. Ça va être difficile de satisfaire Madame. Avec de telles exigences. Madame rêve... Rêve d'archipels De vagues perpétuelles Sismiques et sensuelles...

    Honnêtement, on m'aurait proposer une telle lecture, j'aurais foncé moi aussi les yeux fermés. Le Texas, la country, la poussière. Je me serai senti dans mon élément... Mais voilà, ce n'est peut-être plus non plus au rendez-vous. Il m'en faut peut-être plus aussi, comme une bouteille de whisky. Tu n'en parles pas, mais on ne peut pas vivre au milieu de la poussière sans whisky.

    Des rendez-vous manqués avec la littérature, ça peut arriver. Je ne juge jamais un auteur quand le livre ne me plait pas, c'est peut-être moi qui n'est pas su arriver à l'heure au rendez-vous proposé.

    Enfin, il est fini... Tu vas pouvoir passer à autre chose. Plus d'amour, plus d'envie, moins de poussière, moins d'ennui. La page est tournée.

    Madame rêve...

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    1. Je suis presque frustrée d'avoir ratée ce rendez-vous, ce n'était simplement pas le moment. Je pense que je le relirai une nouvelle fois dans quelques temps et peut être saurai je attraper l'émotion qu'il m'a manqué.

      J'ai fini l'année 2013 en beauté et Casas Ros a monté la barre très haute en 2014 ! Mais je sais que dans ma P.A.L j'ai de belles rencontres qui m'attendent et je m'en réjouis à l'avance.

      Je rêve oui, je rêve d'un livre qui me flingue, qui m'épingle au ciel...
      Je rêve oui, d'une livre qui me laisse en apesanteur, des heures, des heures...

      Bashung me va si bien ;)

      Je rêve...

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    2. Ben "Ose" Joséphine...;-)
      Tu verras qu'à l'arrière des Dauphines je suis le roi des scélérats à qui sourit la vie...;-)...sourires

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    3. Oh Jacky Jacky tu devrais pas me'laisser la nuit j' peux pas dormir j'fais des connerie oh Jacky ... !!!!! mdr

      ;)

      Bisous Jacky :D

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  2. Je m'en doutais. C'est un roman qui me tentait beaucoup au départ parce que j'adore la musique de Woody Guthrie mais je sais aussi par expérience qu'un chanteur n'est pas forcément un écrivain (l'inverse est encore plus vrai !) et je craignais d'être déçu. Je bien fait de faire l'impasse je crois.

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    1. J'étais trop imprégnée de mon dernier roman. Je crois que je ne lui ai pas laissé une grande chance. Ce roman mérite d'être connu ! J'ai vu que les avis sont mitigés ! Je me languis d'avoir l'avis de manU ;) ^^

      N'est ce pas manU ?

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  3. Bon ben moi j'ai toujours autant envie de le lire en tout cas... :)

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    1. Ben t'as plutôt intérêt car ce livre arrive chez toi la semaine prochaine !! ^^

      A chaque page je t'ai haï ainsi que Le_Bison pour m'avoir perturbé en cours de lecture !

      ;D

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    2. M'enfin !
      J'ai rien fait, rien dit. Je plaide l’innocence même.
      De toute façon, personne n'est dupe ici, et tout le monde sait, au fond de son âme et conscience, que je suis un saint sur terre venu jusque prêcher quelques bonnes paroles aux bonnes paroisses...

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  4. Et puisque cette lecture t'a profondément ennuyé, je te propose une petite musique qui, t'ennuiera tout autant. Le père en lecture, le fils en musique.

    http://www.youtube.com/watch?v=W5_8U4j51lI

    Juste histoire de perturber ta prochaine lecture, avec un air entêtant qui ne te quittera pas de si tôt !
    Bonne journée ;)

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    1. Trop tard ma lecture est fini ce matin à l'aube et mon billet est fini prêt à être posté... peut être... ^^

      Je suis toute ouïe pour ta musique, le père en lecture, le fils en musique et le petit esprit que je suis ne sera perturbée aucunement... Amen

      ;)

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  5. Petit esprit... petit esprit... Faut voir...
    Je pensais plus au Saint Esprit...

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" La vie est là simple et tranquille. "
Paul Verlaine

" Le plus difficile n'est pas d'avoir mal, mais de renoncer au bonheur. "
J.P.P