Alponse Daudet
Edition Hachette Librairie1936
Ma très
chère Hélène,
Ce
1er mars je suis allée faire un petit tour à EMMAÜS. J’aime chiner dans ce grand bazar
toujours à l’affût du coup de cœur qui va illuminer ma journée. La semaine
dernière j’avais remarqué des petits classiques très anciens de la LIBRAIRIE HACHETTE. Mon attention s’est néanmoins,
furtivement, portée sur autre chose mais depuis je n’ai cessé de penser à cette
petite collection. Quel regret ! Alors j’y suis retournée avec l’espoir de trouver mon bonheur et un partage, clin d’œil,
pour une personne qui m’est très chère.
J’arrive
à l’ouverture. Ces allées livresques s’offrent à moi et là je vois le rayon des livres anciens.
Je suis déjà toute excitée à l’idée de fouiller et feuilleter. Ma musique dans les
oreilles, Chopin est à l’honneur. J’enlève ma veste. Délicieusement je m’assieds en tailleur et là je m’offre ce moment cérémonial : je prends les
petits manuels un à un, lentement, doucement et me voilà partie à la recherche du
livre qui m’attend depuis tant de temps. Cet instant unique n’appartient qu’à
moi.
Mon
dévolu tombe rapidement sur un petit recueil de «Poésies choisies» de Lamartine
que je connais peu, l’occasion se
présente à moi de faire plus ample connaissance. Mais il n’est pas le coup de
cœur que j’espérais, alors je continue ma poursuite encore et encore, presque déçue,
mais je ne désespère pas, je sais qu’il est là, quelque part entre les pages,
les phrases, les mots, les points et les virgules et soudain voilà qu’il vient se
poser délicatement , tel un papillon, sur mes mains comme une évidence.
C’est
votre livre, Hélène, que j’ai choisi pour mon
ami. Ce petit recueil que vous avez choyé avec amour et tendresse. Je le devine
par sa qualité. Aucune page cornée, aucune rature. Il ne porte que le poids des
années passées et en haut à droite de la
première page on peut lire votre prénom écrit de votre main et le chiffre 38. Hélène, quel prénom si doux ! Ce livre
vous avez du l’acheter ou peut être vous l’a-t-on offert il y a 75 ans déjà.
Nous sommes en 1938, l’année de l’émancipation de la femme mais aussi l’année
de la folie des hommes, de ses horreurs et de tous les regrets.
Cette
édition date de 1936, adressée à la jeunesse, au vu du questionnaire que l’on peut
voir en fin de livre. Étiez-vous écolière en jupe plissée bleue marine, petites
socquettes blanches et chaussures vernies ? Comme
c’est émouvant de savoir qu’il est le témoin
d’une d’histoire, d’un passé heureux
et tragique à la fois. J’ai relu, avec plaisir, quelques lettres au hasard et à
chaque fois je reconnais cette joie de
vivre et cette solidarité si présente dans le midi. Ce livre était-ce une façon
de vous évader du tumulte de la
guerre ?
Les lettres de mon
moulin me remémorent mon enfance. A chaque histoire une petite morale à retenir.
On y découvre la soif de liberté de "La Chèvre de Monsieur Seguin", un des sept
péchés capitaux est à l’honneur dans "Les trois messes basses" et confirme que
la gourmandise vient quand on a plus faim. Et ce lien humain qui pousse les
gens à s’entraider dans "Le Secret de Maître Cornille", que c’est beau ! Tous
les sentiments d’amour et de colère sont présents dans ce recueil et nous
rappelle combien l’homme peut être fort et si vulnérable.
Je les connais pour les
avoir aimées et étudiées à l’école mais également pour avoir habité durant des années
non loin de ce Moulin à Fontvieille. J’y suis allée maintes fois me ressourcer au
pied de ce bâtiment aux quatre ailes de géant. J’ai flâné sur les traces de Daudet
là où son inspiration fut si féconde. Comme je comprends, il fait tellement bon
se reposer à Fontvieille. Quand le Mistral
fait des siennes, son souffle nous ramène les vestiges du passé, alors on peut
entendre le joueur de fifre et la voix de monsieur Seguin «reviiiiiiens Blanquette reviiiiiiens» et cet
accent du midi si chantant à mes oreilles et si doux à mon cœur. Ces jolis
contes provençaux sont immortalisés dans de très beaux films de Marcel Pagnol avec
Fernandel et bien d’autres enfants du pays.
Comme je regrette la Provence, le chant des cigales, l’écho des Alpilles, les oliviers et ses magnifiques sentiers caillouteux qui sentent bon la garrigue, le thym et la lavande.
Comme je regrette la Provence, le chant des cigales, l’écho des Alpilles, les oliviers et ses magnifiques sentiers caillouteux qui sentent bon la garrigue, le thym et la lavande.
Merci
Hélène, ce livre va revivre quelque peu à travers lui. Je vous imagine feuilleter
de vos doigts délicats ces pages et sachez que désormais ses traces se mêleront
aux vôtres pour mon plus grand plaisir
et le sien. J’ai joint un peu de moi dans ce recueil, un petit moment
d’égarement de ma vie, pour faire un peu partie de la votre. Où que vous soyez Hélène,
ici bas ou ailleurs, soyez sereine, votre recueil est à présent sous le regard
bienveillant et les mains affectueuses de cette belle personne.
Je
voulais vous rendre ce petit hommage et peut être qu’un jour, qui sait, aurons-nous
l’occasion de nous reconnaître au pied de ce moulin. Vous me raconterez ce que
fut votre vie et moi je resterai là à boire vos paroles et peut être, nous
tiendrons nous la main.
Alors
comme aurait pu dire l’auteur du «Le Petit Chose»
A Ben Léu!
Bien
à vous
A-Daudet
Souvenirs, souvenirs... Les Lettre de mon moulin, étudiées au collège je crois...
RépondreSupprimerLivre, billet, de belles émotions, merci ! :)
Merci à toi ce fut un réel plaisir ce partage :D
RépondreSupprimerEt merci à Hélène où qu'elle soit .....:)
La lecture de ce billet offre son joli moment de poésie et de douceur...je suis intimement convaincu que certains livres nous attendent...avec leur histoire et celle de leurs lecteurs...
RépondreSupprimerPrenons le temps de chercher...
Merci Hélène ...merci Christina...et merci Monsieur Daudet....
Et merci Jacky !
RépondreSupprimerBonne soirée :D
C'est vrai que l'on trouve de véritables perles à Emmaus et là tu as su mettre la main sur un trésor !
RépondreSupprimerOui c'est vrai, quand jai eu ce petit livre entre les mains, c'était celui là et pas un autre. J'ai vu le prénom "Hélène" et ma lettre a commencé à germer.
RépondreSupprimerBonne journée Cristie
Sublime billet. Merci à vous.
RépondreSupprimerMerci de votre visite et à bientôt
RépondreSupprimerBon WE :D
Quel étourdi suis-je! J'avais bien entendu apprécié ta critique sur Babelio, lu et relu cette magnifique lettre à Hélène, je ne vais pas répéter ici ce que tu sais de mon ressenti. Je fais simplement un petit détour pour apporter un paraphe sur le registre sacré de l'amitié.
RépondreSupprimerA bientôt Cristina.
Michel
Qu'il y a t'il de plus beau qu'une amitié forte et sincère ? (sourire)
RépondreSupprimerMerci Michel de ta visite
A bientôt avec plaisir !