Vents d'ailleurs
ISBN 9 782364 130098
158 pages
158 pages
Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique Babelio
Consternation !
Seul mot qui me vient à l’esprit en
refermant ce livre. Comme tu as souffert mon Andalousie. Le sang a coulé dans
tes ruelles, des corps déchiquetés ont endoloris ton pays, des hommes ont oublié leur drapeau et leur patrie.
Nous sommes l’été 1936 à Malaga, en pleine guerre civile espagnole. D’un coté
les républicains, de l’autre les
nationalistes dirigés par le général FRANCO. Paco a 16 ans, un sac à dos
rempli de rêves et d’illusions. Il ment sur son âge pour rejoindre les républicains
et défendre corps et âme ses idéaux pour
une Espagne libre. Mais Franco gagne du terrain et ressort victorieux de cette
bataille. Devant un pays déchiré et à l’agonie il fuit sa terre vers l’Afrique
du nord en clandestin et va continuer de se battre plus que jamais pour
sa patrie. Mais il va connaître les méandres des camps prisonniers. Il sera
victime de la faim, de la torture, du sang qui gicle. Il va être témoin de la
folie des hommes, des corps désarticulés, des bouches que l’on bâillonne pour étouffer
les cris des femmes, des hommes et des enfants.
Le pont de l'Europe Nerja (Malaga) à l'horizon l'Afrique du Nord. |
Dieu et son pays l’ont oublié. Son cœur se remplit d’amertume, de
colère et de désillusion. Mais au bout de cet enfer, Oran. Cette ville
semblable à Malaga va l’adopter comme son propre enfant. Mais comment être
heureux loin de sa femme, de sa famille de son Andalousie qu’il aime tant ?
Combien de temps va durer cet exil, cette longue nuit d’absence ?
Me gusta Oràn! |
Ce récit je l’ai pris en pleine
figure parce qu’il raconte la mémoire de mes grands- parents, mais ma tendre
enfance n’a pas voulu l’entendre. Ce livre vient me rappeler leurs paroles et
aujourd’hui je comprends. Comme Paco ils ont
fuit leur Andalousie mise à feu et à sang dans l’espoir d’une vie
meilleur ailleurs.
L’écriture de Yahia Belaskri est fluide, généreuse et
sincère. Le texte est puissant, juste et fort en émotion mais sans apitoiement, ni haine aucune. Ce livre ne raconte pas seulement mon histoire, il parle de
la folie des hommes mais aussi des liens d’amour qui unissent les êtres et nous rappelle
qu’il faut toujours aller de l’avant et se battre pour ses idéaux et ses rêves.
Yahia belaskri |
Ce roman est venu à moi par deux fois, la
première au salon littéraire du livre arabe où j’ai eu la chance de rencontrer l’auteur, Yahia Belaskri qui
m’a gentiment dédicacé ce livre pour un ami, et la deuxième, dans le cadre de
l’opération Masse Critique de Babélio grâce aux Editions Vents d’ailleurs.
Une
longue nuit d’absence, mon Espagne, mon Andalousie…
Poignant !
Mon buvard à émotion :
Ce livre me tenait à cœur car il raconte mes racines. Lors de l’écriture de
cette chronique, j’ai jeté des tas de brouillons à la corbeille car jugés trop
pathos, trop intimiste, trop politique,
trop de ci, trop de ça….et puis un soir, grâce à un quiproquo, une personne, ni vue ni connue, a fouillé
dans ma corbeille et a ressorti mes petites ratures, mes petites blessures qui
ne sont ni trop ci, ni trop ça, mais juste MOI. Parfois les quiproquos viennent
tout balayer, comme un vent de folie, et nous rappelle que malgré les multiples
facettes qui nous servent de façade notre vrai visage ressort toujours un jour
ou l’autre pour dévoiler ce que nous sommes vraiment. Je t’aime fort. Ni point ni parenthèse, jamais raisonnable, et toujours incontrôlable. Merci !
Mes marque-pages :
"La mer appartient à ceux qui ont des bateaux".
"Dans les villages, on pend aux arbres et le sang ruisselle sur les collines. les poètes sont ensevelis avec des mots dans leur bouche éteinte. les fascites avancent sur les routes".
"Les conditions de sa détention étaient terribles, dix femmes par cellule, confiées à un curé sadique et pervers, qui les a profondément traumatisées par ses méthodes, confessions publiques, châtiments corporels, vexations continuelles, insultes et récriminations quotidiennes, mépris affiché pour ces Putas qui protègents les ennemis de la nation, humiliations poussées à l'extrême".
"Déja il ne me reste ni peuple ni drapeau, ni frère, ni espoir. Il ne me reste plus qu'une attente confuse et convaincue d'une mort acceptée".
Adieu mon Espagne adorée,
dans mon âme je t'ai rentrée.
Et bien que je sois un émigrant
Jamais je ne t'oublierai.
(Chanson "El emigrante" 1949 Juanito Valderrama page 113)
*****************
Très beau billet Cristina !
RépondreSupprimerMerci.
:D
RépondreSupprimerC'est moi qui te remercie...............encore et encore ;)
Rien à voir avec le sujet...
RépondreSupprimerMais j'ai lu il y a quelques années de ça, un excellent roman de Javier Cercas, une histoire romancée dans l'Histoire.
Tu connais ? Il m'avait manqué quelques points de repère pour comprendre les nationalistes, les Phalangistes et les franquistes, mais peut-être que toi...
Et bien non, je ne connais pas, je découvre, malgré mes origines.....Petite à table, les discutions de mes parents tournaient souvent autour des franquistes, les républicains, et les "No Pasaran" autant te dire que c'était très animé...C'est maintenant que je comprends certaines choses, mais il me manque encore beaucoup de chose...d'ou beaucoup de regrets....
RépondreSupprimerJe note le Roman de l'auteur Javier Cercas.... Merci :D
Je te ressortirai alors une vieille chronique d'un autre temps... A l’époque où je ne plaçais pas le mot alcool dans chacun de mes textes ;)
SupprimerC'est à dire, il y a très longtemps ....:D
RépondreSupprimerPetit réflexe d'adhésion littéraire. Je viens de terminer la lecture d'"exercices de survie" de Jorge Semprun (écrivain espagnol engagé), et, histoire de ne pas ressortir du bain trop tôt, je me dirige vers tes écrits. Et je ne suis pas déçu (euphémisme). Ta causerie sur la "longue nuit d'absence" est vraiment intéressante.
RépondreSupprimerUn grand merci.
Michel
L'histoire de mon pays, que je ne connais pas, est un vrai puzzle et je commence à peine à reconstituer quelques pièces. Il était temps !
RépondreSupprimerUn grand merci à toi ! Tes commentaires sont toujours un plaisir.
Bon dimanche
Chris
Très beau livre sur cette période sombre de l'histoire de l'Espagne. Merci pour le partage.
RépondreSupprimerDe nada carlos24 :D
SupprimerMuchas gracias a ti ;)
Hasta pronto